TACOT D' AUTUN A CHATEAU-CHINON ( De 1900 à 1936 )
A la fin du XIXe siècle, commencèrent les études pour la réalisation de chemins de fer départementaux à travers le Morvan.
Après bien des projets, le tracé fut défini entre AUTUN et CHATEAU-CHINON.
Le premier tronçon est ouvert entre AUTUN et la gare d'ATHEZ-CORCELLES, le 28 août 1900. La ligne est concédée à MM. Edmond COIGNET et Paul GROSSELIN, ingénieurs civils demeurant à Paris, concessionnaires de la Compagnie des chemins de fer d'intérêt local de Saône-et-Loire ( SL ), exploitant plusieurs lignes dans le département.
La ligne du chemin de fer départemental d'Autun à Château-Chinon est à voie étroite d'un écartement d'un mètre. Les locomotives sont de type : 030T Corpet-Louvet, au nombre de trois, numérotées 4, 11 et 15
- "Je ne peux que me souvenir de ce fameux tortillard. J'avais 15 ans quand il a été inauguré le 28 août 1900. J'habitais avec mes parents à la selle-en-Morvan. Le train nous permettait de nous rendre plus facilement à Autun les jours de foire.
Ma foi, ma grand-mère ne l'aimait pas, et disait que c'était l'invention du diable. Il faisait beaucoup de bruit, crachait à la fois eau chaude et fumée, ma grand-mère ne voulait pas s'en approcher.
Mes parents n'appréciaient guère non plus ce genre de transport qu'ils trouvaient dangereux.
Il n'y a pas eu trop d'accidents avec le train pourtant ; mais je me rappelle, j'avais vingt ans, c'était en 1905, au mois d'octobre, je m'en souviens car la végétation commençait à jaunir. C'était entre Polroy et la Commaille. Le boulanger avec son attelage traversait les voies, il n'a sans doute pas entendu le train arriver. La voiture a été réduite en miettes, et le pain a retrouvé sa forme primitive, c'est à dire en farine !
Par chance, le conducteur et le cheval n'ont eu aucun mal."
AUTUN ( Saône & Loire ) départ du tacot pour Château-Chinon ( Nièvre ).
La gare du chemin de fer départemental d'Autun à Château-Chinon se trouve contre la gare PLM Etang-sur-Arroux/Santenay-lès-Bains.
Après avoir quitté la gare PLM d'Autun, le Tacot du Morvan passe sous la ligne de chemin de fer d'Etang-sur-Arroux au faubourg Saint-Andoche, et traverse la rivière en s'engageant sur un pont métallique avec un vombrissement incroyable.
Le Tacot du Morvan, d'Autun à Château-Chinon, après avoir traversé la passerelle métallique sur la rivière l'Arroux, rejoint les routes de Nevers et de Château-Chinon, et atteint son premier arrêt à " La Folie ".
Lettre d'un prévoyant, datée du 09 mai 1901 : Pont d'Arroux. " Pourquoi le nouveau pont du chemin de fer, jeté sur l'Arroux, et sur lequel passe le Tacot, n'a-t'il pas de garde-fou ? Attend-on un accident pour prendre cette mesure d'élémentaire précaution ? Un simple coup d'oeil jeté à cet endroit fait cependant penser de suite au danger qu'il y a de laisser la voie en cet étât, d'autant plus que la nuit, cette voie semble être le prolongement de la route de château-Chinon à Autun. Or non seulement un garde-fou est indispensable, mais un bec de gaz s'impose également pour éviter toute confusion aux conducteurs d'attelage.
L'arrêt de la Folie à la porte d'Autun a été considéré jusqu'ici comme facultafif, c'est-à-dire que les trains ne s'arrêtent en ce point que s'il y a des voyageurs à prendre ou à laisser. Avant de décider de rendre cet arrêt obligatoire, nous proposons de consulter les concessionnaires. Il est clair que s'il y a presque toujours des voyageurs à prendre ou à laisser en ce point, il y a tout avantage , au point de vue de la sécurité, à rendre l'arrêt obligatoire.
Lettre du 29 octobre 1900.
Après la halte de la Folie, la ligne du chemin de fer d'Autun à Château-Chinon suit l'accotement gauche de la route nationale 78. A 4 kilomètres, une deuxième halte : Les Moreaux, puis à 6 kilomètres : Le Pré-Charmoy. Nous parvenons après 7 kilomètres à la première gare après Autun, du nom de Tavernay-La Commaille.
Août 1911, le projet d'une ligne d'intérêt local entre la gare de La Commaille et celle d'Alligny-en-Morvan semble en bonne voie. Il a en effet été décidé un raccordement de la ligne de Saône-et-Loire, d'Autun à Château-Chinon avec la ligne de Saulieu à Corbigny. Ce nouveau chemin de fer à voie étroite passera par Tavernay, Sommant, Lucenay-l'Evêque, Chissey-en-Morvan, près Ménessaire, près Moux, puis Alligny-en-Morvan où elle rejoindra la ligne de Saulieu à Corbigny. Le département de Saône-et-Loire sera chargé d'exploiter la ligne sur le territoire de la Nièvre aux conditions financières d'usage.
Ndlr : La réalisation de cette nouvelle ligne entre La Commaille et Alligny-en-Morvan avait semblé en bonne voie puisque un lot de traverses et rails était livré en gare d'Autun en février 1914. Certainement par fait de guerre, la ligne ne sera jamais construite.
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Il faut au départ d'AUTUN, un bon quart-d'heure pour atteindre la gare de TAVERNAY-LA COMMAILLE. Lorsque de TAVERNAY, on quitte les dernières maisons situées en bordure de route, le convoi prend résolument la direction des monts du Morvan. En quelques minutes, on arrive à l'arrêt de Polroy en même temps qu'à l'embranchement des routes conduisant l'une à la Grande-Verrière, l'autre menant par Sommant à Lucenay-l'Evêque. A polroy, un embranchement fut mis en service pour la desserte d'une mine de houille, exploitée depuis 1889. La mine cessa son exploitation en 1910.
LA SELLE-en-MORVAN.
La ligne du chemin de fer passe une première fois sur la rivière la Vesvre, qu'elle franchit ensuite face au château du même nom. Place forte au 14e siècle. Le convoi arrive en gare de LA SELLE-ROUSSILLON. Les voyageurs qui viennent de descendre du train ne prendront pas tous la direction des auberges dans lesquelles on déguste avec plaisir le jambon cru ou la bonne truite au beurre. Certains ont prévu une intéressante excursion dans la vallée des gorges de la Canche avec point de ralliement à la "Marmite des Géants", cavité creusée dans le roc granitique. Un guide touriste du Morvan est édité en 1933.
La Compagnie du Chemin de fer d'intérêt local de Saône-et-Loire (SL) sur la ligne d'Autun à Château-Chinon, possède 3 locomotives Corpet-Louvet N° 4, 11 et 15. La société Corpet-Louvet dont le siège social se trouve au 119 avenue Philippe Auguste à Paris, construit des locomotives depuis 1855.
La gare de La Selle-en-Morvan a un fort trafic de marchandises ( bois de chauffage, écorces, charbon de Polroy, étais de mines, pomme de terre, bétail... etc ) car elle dessert, outre Roussillon, mais également Saint-Prix, La Grande Verrière, Monthelon, Saint-Léger-sous-Beuvray. Sur la commune est également exploitée une mine de spath-fluor ( fluorine ), faisant suite à celle de La Petite-Verrière ( La Voltenne ).
Après la gare de La Selle-en-Morvan, la voie du tacot passe devant l'hotel de Bellevue, et traverse la route nationale 78 d'Autun à Nevers, pour s'engager dans une riante vallée en suivant, un coup à gauche, un coup à droite, une route moins fréquentée, celle conduisant à la Petite Verrière et Anost. Pour la traversée de la rivière La Chaloire, un pont est commun à la route ainsi qu'à la voie ferrée qui se croisent en cet endroit, mais aucun incident n'a jusqu'à présent été à déplorer; ce qui n'est pas le cas à la Selle-en-Morvan, avec la traversée de la voie de chemin de fer et la route de Nevers. Plusieurs collisions se sont produites, mais fort heureusement sans trop de gravité. Une imprudence mortelle a cependant eut lieu le 31 août 1924. Un jeune homme de 19 ans à bicyclette se rendait chez ses parent à Cussy-en-Morvan, quand dans la traversée de La Selle-en-Morvan, l'imprudent cycliste eut la mauvaise idée de suivre le train, et certainement même de s'y accrocher d'une main, afin de se laisser tirer. Le malheureux a certainement perdu l'équilibre et a été projeté sur la chaussée. Resté suspendu au wagon, il a été trainé sur 200m. Il est mort des suites de ses blessures.
Il est vrai que par soucis d'économie, la voie du tacot est souvent construite en accotement de la route, surtout entre Autun et La Petite Verrière. Sur le bulletin de La Petite Verrière, daté du mardi 28 janvier 1913, nous pouvons lire : " Deux habitants de Ménessaire, assis sur un grand char, trainé par un cheval, revenaient de la foire d'Autun. Ils se trouvaient entre le moulin et l'église de La Petite Verrière, quand le tacot surgit brusquement à un coude. Le cheval eut-il peur, recula-t-il ? La voiture se trouvait-elle trop près de la voie ? Toujours est-il que la grosse locomotive effleura l'arrière du char et renversa le cheval, la voiture et ses passagers, sans gravité toutefois. Seul la voiture a été endommagée. Conclusion, ne suivez donc pas les abords de la voie, il y a tant de place à côté.".
Sur les deux communes de La Selle-en-Morvan et La Petite-Verrière, est exploitée une mine de spath-fluor ( fluorine ), depuis 1863. Elle a appartenu, sur la commune de La Petite-Verrière, à M. Georges, puis à M. Paul de Champeaux, propriétaires du château de La Boulaye. Le chemin de fer d'Autun à Château-Chinon, contribut au transport du minerai par un embranchement spécial à partir de la gare de La Selle-en-Morvan; puis un nouvel embranchement est réalisé à partir de 1928 au lieu dit : Les Chaumes Froides.
A la mine de Spath-fluor, le chargement des wagons est souvent excessif ! Les chargements excessifs de nos wagons sur la voie d'embranchement placé au km 13 "Les Chaumes Froides", semblent être faits dans le but de nous créer des accidents, et nous vous demandons d'intervenir auprès de M.Mahieu, afin qu'il donne des ordres à son personnel, pour faire réduire les chargements dans la limite normale. ( SL, 02 février 1930 ).
La gare de La Petite-Verrière, l'église et à l'extrême droite, le château de La Boulaye, appartenant à la famille De Champeaux, propriétaire de l'exploitation de la mine de fluorine, La Voltenne. Au premier plan sur la photographie, la route de La Petite-Verrière à Cussy-en-Morvan. La gare porte l'appelation : LA Pt VERRIERE - CUSSY, car elle dessert également la commune de Cussy-en-Morvan, pourtant située à 5 kilomètres de La Petite-Verrière.
Quelques canards dans la cour de la gare de La Petite-Verrière. A l'arrière plan, la motte féodale d'Anost. L'occasion de faire un peu d'histoire parmi cette agréable géographie qu'est le Morvan. Il s'agit d'une colline boisée, où s'élevait jadis le château fort de Roussillon, tenu par les seigneurs de Roussillon. Nous savons peu de choses sur l'histoire de ce château fort, dont il reste quelques ruines encore visibles. Il aurait été construit au XIIe siècle. D'après les écrits de l'Abbé Baudio, il aurait été démantelé par les Armagnac en 1412. Si vous voyagez à bord du tacot en direction d'Anost, regardez par les fenêtres du wagon, sur votre droite cette colline, et imaginez-vous s'élever une enceinte à son sommet, ainsi que de hautes tours protégeant la vallée de Cussy, La Petite-Verrière, et Anost.. Le tacot, après avoir quitté la gare de La Pt Verrière - Cussy, traverse la route de Cussy-en-Morvan avant de s'engager à travers les prairies, en direction de la commune d'Anost.
Et décidement, ce passage à niveau sur la route de Cussy-en-Morvan a été témoin de quelques collisions sans gravité entre le tacot et voitures. Le 29 avril 1924, une collision s'est produite à 6h45 environ, entre le train 1 et le camion automobile d'un voiturier à Cussy, au passage à niveau de la route de Cussy, à 100 mètres de la gare La Petite-Verrière. Le conducteur a déclaré n'avoir ni vu, ni entendu siffler le train, par suite de mauvais temps ( tempête de vent et de pluie ). Il s'était donc engagé sur le passage à niveau sans regarder du côté d'où venait le train. De plus pour se préserver de la pluie, il avait relevé le col de son pardessus. Le choc fut peu violent, le camion a été poussé au devant de la locomotive sur quelques mètres, puis versé sur la voie et la chaussée. Onze voyageurs se trouvaient à l'intérieur, et un sur le siège passager à côté du conducteur. Aucun des occupants n'a été blessé.
Après la gare de La Petite-Verrière - Cussy, le tacot commence une longue promenade à travers un charmant paysage aux collines verdoyantes, et se faufile dans la vallée de la rivière d'Anost. La voie traverse la rivière de Cussy, au moyen d'un petit pont.
La vallée de la rivière d'Anost entre La Petite-Verrière et Anost ( Saône-et-Loire ).
Dans la vallée de la rivière d'Anost, la voie du tacot passe en bordure du moulin de Roussillon et le château de La Ferrière. Il a été construit un imposant mur pour soutenir la voie en bordure du chemin
Juste avant d'arriver à la gare d'ANOST-VAUMIGNON, un arrêt facultatif se trouve au hameau Les Chevannes. Un abri en pierre y a été édifié. Le train ne s'y arrête que l'orsqu'on fait signe au conducteur. La halte Les Chevannes dessert également les hameaux de La Bussière, Les Gaudrys et La Ferrière.
" J'habitais au moulin de Rouquion ( moulin de Roussillon sur Anost, près de La Petite-Verrière ). Je prenais le tacot à la halte Les Chevannes. Quand le train avait du retard, venant de Château-Chinon, nous étions à peu près sûrs qu'il y avait eu déraillement vers Corcelles ( Ndlr : Les déraillements du tacot d'après les témoignages, étaient très fréquents, mais il ne s'agissait généralement que de sorties de voies sans gravité, et qui occasionnaient beaucoup de retards dans les horaires ).Nous n'aimions pas trop entendre le sifflet du tacot dans cette direction, car il était signe de pluie ( vent d'ouest ). Par contre quand nous entendions les coups de mine ( explosition )de La Voltennes à 3 km à l'est, nous étions certains d'un beau temps.".
Après la halte "Les Chevannes", le chemin de fer d'Autun à Château-Chinon se dirige vers la gare d'Anost située dans le département de la Saône-et-Loire. Il traverse les prairies qu'arrose la rivière d'Anost.
Le tacot rejoint ensuite la route d'Anost à La Petite-Verrière qu'il traverse, ainsi que le chemin menant aux hameaux de Dront et Le Mont.
Le chemin de fer d'intérêt local d'Autun à Château-Chinon suit à présent l'accotement gauche de la route d'Anost jusqu'à la gare d'ANOST-VAUMIGNON .
La gare d'Anost-Vaumignon est l'une des plus importantes de la ligne d'Autun à Château-Chinon. C'est l'une des trois gares avec La Selle-en-Morvan et Athez-Corcelles où se font les croisements des trains. Il est assez surprenant que cette gare fut édifiée à 3 kilomètres au sud du bourg d'Anost.
- " Décidement, M. Périer est capable de tous les crimes. N'est-il pas accusé par ses adversaires habituels d'avoir empêché le chemin de fer de passer à Anost même ? Cette calomnie absurde prodiguée pendant la période éléctorale, a été réfutée plusieurs fois, mais il est bon d'y revenir encore. Le tracé du chemin de fer d'Autun à Château-Chinon dans son parcours sur le canton de Lucenay, a été accepté sans opposition par le conseiler général M.Duprey, maire de Roussillon. M. Duprey a empêché le chemin de fer de passer à Anost même, parce qu'il voulait une gare à Corcelle pour desservir sa commune de Roussillon. ".
Le choix de l'emplacement de la gare d'Anost a fait couler beaucoup d'encre, et a eu pour conséquence de nombreuses querelles entre les élus. La gare est en effet située à 3 kilomètres du bourg d'Anost. Un embranchement avait été demandé entre la gare et le bourg, mais il ne fut jamais réalisé.
Le choix de l'emplacement de la gare d'Anost s'explique assez bien, car le tracé de la ligne initialement prévu se dirigeait vers les villages d'Athez et Corcelles en empruntant la vallée de la Corcellière. Un détour par le bourg d'Anost aurait rendu les travaux de la ligne plus compliqués et surtout, un surcout financier non négligeable pour la société exploitant le chemin de fer. Alors, tant pis pour les habitants du bourg d'Anost, il n'ont qu'à marcher; les sabots sont faits pour être usés. La gare d'Anost-Vaumignon dessert outre le hameau de Vaumignon, situé à quelques centaines de mètres de la gare, mais également les hameaux de Dront et Le Mont dont on accède par deux petits raidillons. En parlant de sabots justement, un agriculteur du Mont possède dans le hameau, un petit atelier de saboterie.
Avant de reprendre le train, effectuons une petite visite du bourg d'Anost. 6 kilomètres aller retour, nous prendrons le prochain train, ce soir ou demain; il y a un très bon hotel à Anost, l'hotel Duvernoy, on y mange très bien. Espérons qu'ils auront des crâpiaux de treuffes avec du jambon cru.
La gare d'ANOST-VAUMIGNON est située face au café Legros, d'où part un taxi, ou une patache, pour emmener les voyageurs vers le bourg, ou les hameaux environnants.
Après la gare d'ANOST-VAUMIGNON, la voie ferrée emprunte l'étroite vallée de la Corcellière en direction des villages d'ATHEZ et CORCELLES. Le train traverse la petite rivière Le Corterin ( riche en écrevisse ), au moyen d'un petit pont, puis longe une prairie jusqu'au hameau de Velée.
A Velée, le tacot longe la petite chapelle Saint-Claire du XIe siècle. En contre-bas de la chapelle, une source aurait des vertus pour soigner les maux des yeux, d'où le nom de "Claire ", ainsi que l'inscription lisible de l'ex-voto datant de 1609 : Occulos ad te Domine.
Une autre curiosité sont "Les Roches de Velée", un filon granitique sur le flanc de la vallée au dessus du hameau.
Depuis l'ouverture de la ligne le 28 août 1900 entre Autun et Athez-Corcelles, aucun train ne s'arrêtait au hameau de Velée. Un arrêt fut finalement ouvert au public dans le hameau le 18 juin 1906.
Notre tacot entame ses derniers tours de roues en terrain plat, si je peux dire, car les choses vont commencer à se compliquer pour le chemin de fer d'intérêt local d'Autun à Château-Chinon. Après Velée, la voie est établie dans la prairie arrosée par la rivière La Corcellière pour atteindre la gare provisoirement terminus d'ATHEZ-CORCELLES. Si La ligne fut mise en service entre Autun et Athez-Corcelles en août 1900, il faudra attendre 4 ans pour que soit ouverte la section entre Athez-Corcelles et Château-Chinon; et pour cause, la nature du terrain et les expropriations ont considérablement ralenti les travaux. MM. Coignet et Grosselin, concessionnaires et exploitants la ligne de chemin de fer d'Autun à Château-Chinon présentent le projet d'exécution des travaux entre Corcelles et Château-Chinon : Le tracé part de la station Athez-Corcelles et s'élève par une série de lacets en pente à peu près continue de 30mm/m jusqu'au passage d'un faîte situé à 656m d'altitude, un peu au-delà de l'arrêt des Malpennes. Il descend ensuite sur le bourg d'Arleuf, où est établie la première station.
Gare d'ATHEZ-CORCELLES ( Saône-et-Loire ), terminus de la ligne ( jusqu'en 1904 ), tous le monde descend ! Les années suivantes, avant de continuer sur Château-Chinon, l'arrêt y est toujours un peu long, car il faut recharger la locomotive en eau.
La ligne d'Autun à Château-Chinon, et particulièrement à partir de la station d'Athez-Corcelles, offrira aux visiteurs un ensemble de paysages et un panorama unique dans le centre de la France. Sauf les tunnels et les viaducs que l'on a su éviter, on peut la comparer à la ligne de la Mure en Isère, que nous avons parcouru il y a deux ans en 1902. La station de la Mure est à 850 m d'altitude, le point culminant de la ligne d'Autun à 656 m, moins de 200 m de différence. La pose des rails de la ligne d'Autun s'effectue depuis Corcelles à raison de 300 à 350 m par jour. Venez touristes, en Morvan. Si vous n'y rencontrez point tout le luxe de la grande ville, vous y trouverez le confortable, les sites où vous pouvez vous reposer, avec les charmes de la belle nature. Vous y trouverez la cordialité qui a fait dire au poète : " Sur cette terre en dons avare, sur ce granite déshérité, croît une fleur qui devient rare, elle a nom : l'hospitalité.".
( Extrait d'un texte de Jean COULAS dans le journal du Morvan, le 13 mars 1904 ).
Le journal du Morvan du 14 juin 1902 : Le tracé de la ligne d'Athez-Corcelles à Château-Chinon, que l'on attend depuis si longtemps, vient enfin d'être défini et tout porte à croire qu'une voie ferrée directe existera bientôt entre Autun et château-Chinon, et qu'il ne sera plus nécessaire d'aller passer par Cercy-la-Tour pour communiquer entre ces deux villes. La construction entre Corcelles et Château-Chinon débuta en 1902. Travaux menés par la Société de Construction & Exploitation de Chemins de Fer d'Intérêt Local Edmond COIGNET & Paul GROSSELIN - 30 rue de Londres - PARIS.
Construction & Exploitation de Chemins de Fer d'Intérêt Local Edmond Coignet & Paul Grosselin - 20 rue de Londres - Paris :Le 21 août 1902.
Monsieur le Préfet,
Nous ne pouvons pas ne pas venir protester auprès de vous contre les termes du rapport de M.l'ingénieur en chef, relativément à l'état d'avancement des travaux de la ligne de Corcelles à Château-Chinon. Il est dit dans ce rapport que nous devrons imprimer aux travaux une activité très grande, à la fin de cette année-ci, pour avoir terminé au mois d'août 1903.
Réponse de M. l'ingénieur en chef à MM. E. COIGNET & P.GROSSELIN, responsables de la Compagnie du Chemin de fer d'Intérêt Local de Saône-et-Loire, ligne d'Autun à Château-Chinon, le 22 août 1902 :
J'ai dit, dans mon rapport sur la situation des lignes non encore en exploitation à propos de la ligne de Corcelles à Château-Chinon : " Les travaux devront être poussés avec activité avant l'hiver pour que la ligne soit ouverte à l'exploitation dans le délai fixé par le cahier des charges, c'est à dire le 22 août 1903. MM. Coignet et Grosselin voient là une critique de la manière dont ils ont conduit les travaux jusqu'ici. il faut vraiment avoir l'esprit singulièrement disposé pour attribuer à cette phrase un sens qu'elle n'a manifestement pas par elle même.
( Ndlr : Bref, quoi qu'il en soit, au mois d'août 1903, les travaux n'étaient pas terminés; les terrassement " à peu près terminés ". Il reste quelques parcelles appartenant à des propriétaires qui n'ont pas accepté les offres de la compagnie et attendent la décision du jury. Il est également noté que , la pose du ballaste commencera au printemps. Info : Le journal du Morvan du 14 mars 1903 ).
Le 18 août 1904. Un an plus tard, les travaux touchaient à leur fin et la commune de Château-Chinon avait demandé que le tacot fut inauguré le 19 juin 1904 à l'occasion de la fête patronale. Comme la ligne n'était que partiellement terminée et surtout qu'il risquait d'y avoir trop d'affluence de voyageurs pour l'apport de Château-Chinon, le préfet de la Nièvre avait refusé son accord le 7 juin.
C'est finalement la date du 28 août 1904 qui fut retenue pour l'ouverture de la ligne. La ligne ne dessert que Château-Chinon ville et sera prolongée un an plus tard en 1905 jusqu'à la gare PLM sur la ligne de Château-Chinon à Tamnay-en-Bazois.
Le train quitte la station d'ATHEZ-CORCELLES. Il roule, roule, et après avoir franchi le ruisseau de Montmaillot, pénètre dans le haut Morvan. Il entre alors dans la tranchée de Fragny, tranchée qui a nécessité d'importants travaux et surtout très coûteux en raison de la dureté des roches porphyriques et granitiques que recelait le sous-sol. Dans cette forêt des Corvées, un carrier fort avisé y créa d'ailleurs par la suite une entreprise qui fournit aux grandes villes, celle de Paris en particulier ces inusables pavés. Un embranchement du tacot est alors réalisé à la carrière des Corvées afin de transporter les pavés et bordures de trottoirs. Une quinzaine d'ouvriers sont employés à la carrière, pour la plupart d'origine italienne. Ils logent dans les hameaux des alentours.
Compagnie du chemin de fer de Saône-et-Loire ( SL ), le 8 juin 1920 : J'ai constaté aujourd'hui que M. Pagani dont j'ignore l'adresse, fait fabriquer à titre d'essai, des pavés au rocher des Corvées, km25,8 environ. Il a fait installer une petite voie Decauville trop près de la voie du chemin de fer d'Autun à Château-Chinon, et les blocs qu'il détache du massif viennent toucher la voie et empêchent la bonne circulation des trains. Je n'ai eu aucune demande d'autorisation, ni été prévenu en aucune façon.
Voici donc comment a réellement commencé l'exploitation de la carrière des Corvées, sans autorisation le long de la ligne de chemin de fer par un certain M. Pagani en 1920.
Compagnie du chemin de fer de Saône-et-Loire ( SL ), le 10 juin 1920 : Au sujet de l'exploitation des pavés au rocher des Corvées, je vous demande de mettre en demeure M. Pagani de se mettre totalement en dehors des emprises du chemin de fer sans délai. Vous dresserez procès-verbal s'il n'obtempère pas aux ordres donnés et, au besoin, démontez sa voie ou matériel occupant notre emprise afin d'éviter tout accident.
En vérité, c'est un certain M. Louis Peyroux qui façonnait depuis 1917, avec l'autorisation de la famille Ravier et pour le compte de M. Pagani, quelques pavés au rocher des Corvées sur une parcelle appartenant à la famille Ravier, en bordure de la voie ferrée d'Autun à Château-Chinon, et tout rentra dans l'ordre. M. Louis Peyroux devenu acquéreur de la carrière des Corvées demanda à la Compagnie du chemin de fer l'installation d'un embranchement ferroviaire en avril 1925 pour le transport des pierres et des pavés. ( M. Louis Peyrou est également directeur d'une autre carrière à Arleuf appartenant à M. Pagani : La carrière des Blandins. En 1915, il y existe déjà un embranchement ferroviaire raccordé à la ligne d'Autun à Château-Chinon ).
Témoignage : 20 août 1904. Le petit train avance. Dans quelques jours la section du chemin de fer d'intérêt local d'Autun sera ouverte entre le village de Corcelles et la ville de Château-Chinon, plus tard raccordée à la gare du PLM. Peu à peu, la france se modernise au moyen de ces nombreux transports en commun qui relient entre eux, les villes, les villages et hameaux de nos provinces ; un excellent moyen de communication entre les êtres humains des fois trop isolés. Autrefois c'est vrai, quelques braves paysans grincheux n'appréciaient guère cette marmite crachante et bruyante se déplaçant et faisant peur aux pov' bêtes, jusqu'à ce que cette bouilloire sifflante alimentée au charbon permette au " pov'bêtes " d'être transportées les jours des foires au bétail. Les jours de marché, les pommes de terre et autres produits maraîchers arrivent plus vite sur les étales. Les pavés de la carrière des Corvées à Corcelles, habillent les rues et boulevards des grandes villes. On parle également du projet d'une autre ligne à voie étroite dans le Morvan, celle d'Autun à Alligny , se raccordant à la nouvelle ligne ouverte entre 1901 et l'année dernière par la Société des Chemins de fer économique (SE ) entre Saulieu et Corbigny, puis prolongée l'année dernière jusqu'à Chitry-les-Mines, permettant une liaison avec le canal du Nivernais où est expédié le bois provenant du Morvan. La Société des Chemins de fer Economiques de la Nièvre termine les travaux qui permettra, nous l'espérons, l'année prochaine de relier Corbigny à Nevers. C'est une véritable toile d'araignée ferroviaire qui se tisse dans nos campagnes. Pensez-vous qu'un jour, un train circulera sans changement entre Autun et Nevers par Alligny-en-Morvan ? Pourquoi pas ! Il s'agira là d'un bel échange entre régions, qu'apporte déjà les grandes compagnies de chemin de fer. La compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans ( PO ) exploite également depuis deux ans une longue ligne à voie étroite de 191 kilomètres entre la ville d'Argent-sur-Sauldre dans le département du Cher, et la ville de Le Blanc située dans le département de l'Indre. La Société des Chemins de fer Economiques du Cher projette également dans les deux ou trois années à venir, une ligne à voie métrique entre Argent-sur-Sauldre et La Guerche-sur-l'Aubois située dans le département du Cher. Il ne manque plus qu'une ligne à voie étroite entre Nevers et La Guerche-sur-l'Aubois, distantes entre elles d'une vingtaine de kilomètres, pour raccorder tous ces réseaux entre eux, et nous pourrons depuis Autun en Saône-et-Loire, par notre chemin de fer d'intérêt local, rejoindre la ville de Le Blanc située dans le département de l'Indre. Quel voyage ! Mais surtout, quelle idée, celà prendrait certainement plusieurs jours. Je vais arrêter là mes élucubrations, et contentons-nous pour le moment d'un voyage plus simple à bord de notre nouveau petit train du Haut Morvan entre Autun et Château-Chinon.
D'autres arrêts facultatifs se trouvent après celui de la carrière des Corvées, un arrêt du nom de La Cantine, lieu où logent les ouvriers de la carrière. Le train quitte ensuite le département de Saône-et-Loire et entre dans celui de la Nièvre. Un autre arrêt facultatif, " Fragny ", du nom de la forêt. Un embranchement pour le chargement de bois y est réalisé en octobre 1906.
Le chemin de fer atteint ensuite l'arrêt facultatif " Les Malpennes " qui dessert également le hameau " Les Pasquelins ". La voie traverse ensuite la route d'Anost à Arleuf ( IC 77 ) puis entre dans le bourg d'Arleuf en département de la Nièvre, traverse la nationale 78, route d'Autun à Nevers, puis arrive en gare d'Arleuf.
Le village d'Arleuf, important village de 2420 habitants fournit une grande partie du trafic marchandises. Les réceptions en gare d'Arleuf consistent entre autre les vins en fûts car quatre marchands de vins, Mme Defosse, MM. Dussert, Lebros, Girard sont installés à Arleuf depuis quelques années ; également des produits d'épicerie et des matériaux de construction. Les trains de marchandises depuis Arleuf expédient du bois de chauffage, des écorces, des étais de mines, des traverses de chemin de fer, des poteaux télégraphiques. En raison du fort trafic marchandises dans cette gare, les arrêts sont toujours très longs à cause des manoeuvres.
Article en cours de réalisation - Didier Simonnet - 21 août 2021.
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